Version française.
English version below.

Belgique.


Bicky Burger

Géographie.
Non loin du rond-point de la Barrière, où trône la belle et immortelle Porteuse d’huile, se déroule un rituel fort connu des ventres belges.

Des frituristes.
Quatre femmes, deux le jour, deux la nuit, plongent des pommes de terre dans la graisse animale.

Commandes.
Un client s’avance : « Bonjour Madame, je vais vous prendre une mitraillette fricandelle sauce mafia hannibal, s’il vous plaît.
Avec toutes les crudités. Et un petit paquet de frites en plus à part. »

Gras désirs.
Je les veux larges, grasses, croustillantes, salées, fumantes et saucées. La file d’attente, parfois si longue, bonifie la délivrance finale.
Un gros paquet de frites fumant. Il est nappé de sauces diverses. Il faut choisir si l’on veut la sauce dessus ou à part. Mais dans cette cabane où la graisse de bœuf bouillonne humblement, se cache l’une des meilleures inventions faites par la Belgique. C’est un burger fort sous-estimé de tous. (Mais ta gloire viendra, je le sais !). Venu de Flandres ou même des Pays-Bas, son nom rappelle cependant l’amour du plat pays pour l’anglophonie.

Repas peut-être le moins cher du royaume, mais fort chéri du peuple ; fait vivre des extases comme peu de plats le font. Le pain est rond, toasté, avec des grains de sésame sur le dessus. Il déborde de frites bien grasses, arrosées de diverses mayonnaises. On n’y a pas encore touché, mais les yeux et le nez sont à table. La salade dépasse un peu. Les oignons luisent, et peut-être, le bonjour d’une tranche de tomate. On ne sait mordre dedans tant qu’on n’a pas réglé leur compte à toutes ces patates. Dégommez-les ! Jusqu’à la dernière !

Sauce brazil : une merveilleuse mayonnaise aromatisée à l’ananas, très sucrée, légèrement épicée, avec une pointe de whisky. Comme le gras ne suffit jamais, il faut ajouter un peu de mayonnaise. Allez, heup ! Faut y aller maintenant ! Et le burger de poulet croustille sous la dent. Le contraste est saisissant : sel de la viande et des frites, gras sucré des sauces.
Le pain absorbe un peu l’infernale sapidité des ingrédients, tandis que la salade – au yeux mirage d’une oasis – donne à croire que ce plat n’est pas totalement maléfique.

Du rythme dans la consommation du bicky.
Maints essais nous font dire qu’un bicky par semaine rend heureux, sans obésité ni accoutumance.
Conseil diététique : sautez le repas d’avant, et celui d’après. Si vous ne le faites pas, allez courir une heure dans la journée qui précède ce repas. Votre corps l’assimilera bien mieux et n’en tirera que les bénéfices. Ne courrez pas le lendemain, car votre corps ne sera pas disposé à l’effort. Restez chez vous et ne faites rien de spécial.

De l’heure et des conditions de la prise du bicky.
Un bicky semble rarement si bon sobre. Il faut jongler entre sa faim, et la taille de la file. Un bicky ne s’apprécie souvent pleinement qu’en crevant de faim ivre. Astuce : sauter le repas du midi, et faire la file dès dix-huit heures trente permet une dégustation correcte en cas de sobriété.
Une fois fini, ne vous fiez pas à votre langue. Vous en voudrez encore, mais il vous faudra résister aux plaintes langoureuses de votre estomac. Derrière ces plaintes mensongères se cache un artifice vénéneux, sinon un démon. Votre ventre est plein, croyez-moi. Votre langue est saturée de plaisir, et il ne reste qu’à arroser ça d’une bonne bière trappiste pour finir de vous dorloter la panse.
N’oubliez pas. Une grande canette de bière sans caractère vous fera passer le temps de la file en un rien de temps, et apaisera le feu de la faim jusqu’au moment où la dame vous donnera, de ses deux mains, le pain béni.
À la toute fin de cela, dites au revoir à vos amis et rentrez chez-vous ivres, puis effondrez-vous, avec la satisfaction entière et pleinement méritée d’être encore en vie.



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English version.

Belgium.

Bicky Burger

Geography.
Not far from the Barrière roundabout, where sits the beautiful and immortal Oil carrier, a well known ritual to Belgian bellies takes place.
Friturists.
Four women, two during the day, two at night, baptise tatties in animal fat.
Orders.
A customer comes forward: “Hello Madam, I will have a submachine gun fricandelle with hannibal mafia sauce, please. With all the raw vegetables. And a small bag of fries on the side. »
Fat desires.
I want them large, fatty, crispy, salty, steaming and saucy. The queue, sometimes so long, enhances the final delivery.
A big bag of steaming fries. It is topped with various sauces. You have to choose if you want the sauce on top or on the side. But in this hut where beef fat humbly bubbles, hides one of the best inventions made by Belgium. This is a very underestimated burger. (But your glory will come, I know it!). Coming from Flanders or even the Netherlands, its name nevertheless recalls the love of the flat country for anglophony.

Perhaps the cheapest meal in the kingdom, but very beloved by the people ; brings ecstasies to life like few dishes do. The bread is round, toasted, with sesame seeds on top. It’s overflowing with greasy fries, drizzled with various mayonnaises. We haven’t touched it yet, but the eyes and the nose are at the table. The salad sticks out a little. The onions are glistening, and perhaps, a slice of tomato says hi. We don’t know how to bite into it until we’ve settled all these potatoes. Knock them out! Until the last!

Brazil sauce : a wonderful pineapple flavored mayonnaise, very sweet, slightly spicy, with a hint of whiskey. As fat is never enough, you have to add a little mayonnaise. Come on, uh! We have to go now! And the chicken burger is crispy to the bite. The contrast is striking : salt in the meat and fries, fatty sweet sauces.
The bread absorbs a little of the infernal sapidity of the ingredients, while the salad – with the mirage of an oasis in its eyes – suggests that this dish is not totally evil.

Rhythm in the consumption of bicky.
Many tests tell us that a bicky per week makes you happy, without obesity or addiction.
Dietary advice : skip the meal before, and the one after. If you don’t, go running for an hour the day before this meal. Your body will assimilate it much better and will only benefit from it. Don’t run the next day, because your body won’t be ready for the effort. Stay at home and don’t do anything special.

Of the time and conditions of taking the bicky.
A bicky rarely looks so good sober. You have to juggle between your hunger and the size of the line. A bicky is often only fully appreciated while starving drunkenly. Tip: skipping lunch, and queuing from 6:30 p.m. allows for a proper tasting if you’re sober.

Once finished, don’t trust your tongue. You will want more, but you will have to resist the languorous complaints of your stomach. Behind these lying complaints hides a poisonous artifice, if not a demon. Your belly is full, believe me. Your tongue is saturated with pleasure, and all that remains is to wash it down with a good Trappist beer to finish pampering your belly.
Do not forget. A big, characterless can of beer will blow you through the queue in no time, and quell the fire of hunger until the lady gives you, with both hands, the blessed bread.
At the very end of it, say goodbye to your friends and go home drunk, then collapse, with the full and fully deserved satisfaction of still being alive.


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